Résumé :
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La démoralisation est un construit psychiatrique ancien. Sa conception a évolué de l'idée d'une détresse psychologique non spécifique, dimension commune à laquelle s'adresserait toutes les psychothérapies, à celle d'une entité clinique à part entière. Elle est définie comme l'association d'une incompétence subjective et d'une détresse psychologique. Elle traduit le vécu d'être dans une impasse existentielle. Il s'agit d'un phénomène dynamique allant d'un vécu d'impuissance à celui de désespoir. La précarité, comme expérience de vie, est la contrainte de vivre dans un présent qui s'éternise. Elle est ainsi un environnement propice au développement de la démoralisation. On trouve dans la littérature sur la clinique de la précarité des préoccupations communes avec celle de la démoralisation. Ainsi, la réflexion sur la nature et la place de la souffrance psychique d'origine sociale est centrale. La démoralisation est un phénomène frontière entre le social et l'individuel et entre le normal et le pathologique. Elle se distingue cliniquement de la dépression bien que les liens qu'elle entretient avec celle-ci soient sujets à débat. L'élément central de la prise en charge est de rendre à l'individu un sentiment de maîtrise. Les liens entre précarité et démoralisation sont à ce jour peu objectivés. Pour les mettre en évidence, nous avons réalisé une étude en faisant passer un questionnaire évaluant la prévalence de troubles psychiatriques et un questionnaire évaluant la démoralisation dans un Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale. Quinze résidents ont répondu; 33,33% présentaient une démoralisation, 26,67% un épisode dépressif et 46,67% un risque suicidaire.[Résumé d'auteur]
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