Résumé :
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Les troubles du comportement alimentaires (TCA) sont des pathologies mentales fréquentes ayant un impact important en termes de morbidité et de mortalité. Le psychotraumatisme (PT) ainsi que l'une de ses formes les plus précoces que constitue la maltraitance infantile (MI) sont des facteurs fréquemment associés à des formes de TCA plus sévères et plus difficiles à traiter. Notre hypothèse postule que la présence d'un PT en général et d'une MI en particulier prédéterminent un « écophénotype maltraité » manifestant des formes particulières de TCA à prendre en considération dans l'évaluation et la prise en charge. Dans un premier volet, une évaluation des données de sujets inclus dans deux cohortes de 600 participants a été menée. C'est dans ce cadre que l'addiction alimentaire (AA) a été démontrée comme étant un médiateur entre la sévérité de la MI et la sévérité clinique du TCA avec un intérêt particulier pour la négligence physique dans l'effet de médiation. C'est aussi dans ce cadre que nous avons démontré que chez les sujets avec une anorexie mentale (AM), la variabilité du ratio neutrophiles/lymphocytes comme marqueur d'inflammation de bas grade est associée à la présence d'un abus émotionnel significatif au cours de l'enfance/adolescence. Du point de vue variabilité du poids, nous avons démontré que la sévérité de la MI, notamment l'abus sexuel, était significativement corrélée à la suppression du poids au poids minimal (SP-PM) chez les sujets avec AM et boulimie nerveuse. De même, la SP-PM qui par ailleurs serait un marqueur d'un TCA plus sévère, était un médiateur entre la sévérité de la MI et la sévérité clinique du TCA. Finalement, nous avons démontré que les sujets avec AM et un antécédent d'abus sexuel, avait une perception plus perturbée de leur cohérence centrale impliquant la présence d'une tendance à faire plus attention aux détails comme style de traitement des informations. Dans un deuxième volet, une étude comparative (étude ATAC) est en cours. Cette étude vise à comparer deux groupes (un groupe avec PT et un groupe sans PT) de sujets ayant une AM par rapport à leurs fonctions exécutives, la variabilité de leur rythme cardiaque ainsi que leur métabolisme du tryptophane et des taux de neurokinines avant et après une exposition à une épreuve de stress psychologique. En conclusion, nous recommandons que la présence d'un PT soit d'une part dépistée systématiquement en pratique clinique courante et, d'autre part, soit à l'origine d'une catégorisation des TCA facilitant le classement des patients dans un groupe de sujets présentant un trouble probablement plus sévère et plus difficile à traiter. [Résumé de l'auteur]
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