Résumé :
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Cet ouvrage est le récit de la pratique d’un psychanalyste qui, au sein même d’un hôpital, fief de la médecine somatique, a œuvré pendant presque trente ans à faire une place à l’individu, au sujet, plutôt qu’à l’objet de soin. Portant l’uniforme du médecin, fondu dans le décor, Jean Benjamin Stora raccroche sa pratique aux unités auxquelles on l’affecte, la neurologie ou l’endocrinologie. L’approche psychosomatique est une lecture complémentaire à la médecine, qui permet de redonner une place au patient dans son entièreté, de ne plus le considérer seulement comme « un corps à soigner ». Si la rencontre du psychologue peut être vécue avec appréhension dans un premier temps, il est souvent le seul professionnel qui peut se porter garant de l’espace créé pour les cas « désespérés » : de l’infarctus de George au diabète proche de l’amputation de Gilles, en passant par les céphalées de Marc ou le cancer du sein de Béatrice, J.B. Stora livre une autre lecture de la maladie et surtout du malade : le rapport du malade à son corps, le malade et son attitude face aux symptômes, le malade et ses choix face aux options thérapeutiques, le malade et ses relations aux soignants. Il aborde également, dans les grandes lignes, les principes des thérapies psychosomatiques. L’angle préférentiel est psychanalytique, mais pourrait aisément se déployer à travers d’autres référentiels, voire les cumuler. On regrettera peut-être toutefois que l’auteur ne se soit pas davantage attardé sur les obstacles potentiels à la pratique en hôpital général, lieu où l’on soigne le corps en priorité et où la place du psychologue est toujours fragile. Notamment en raison des chocs potentiels de logiques : point de vue somatique versus point de vue psychologique, procédures standardisées du corps médical versus unicité du patient, ou bien encore, urgences des soignants versus décalage des demandes en psychothérapie qui, pour beaucoup de psychologues exerçant dans ce contexte, sont légion [analyse parue dans Sciences Humaines, octobre 2019]
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