Résumé :
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Il serait temps de penser qu'une certaine dérive de la psychiatrie, voire son naufrage, serait due essentiellement à des conditions économiques, toujours plus restrictives, sinon à des réglementations administratives toujours plus contraignantes ou à des impératifs idéologiques, toujours plus affirmés. Si l'effet de ces différents facteurs sur l'exercice de nos pratiques est indéniable, il nous paraît néanmoins tout aussi important de comprendre comment un tel naufrage était déjà inscrit dans les monuments architecturaux et théoriques, dès l'instant où ils ont été conçus, imaginés selon les principes d'une science de l'homme et de la folie, une idée du progrès et du soin et quelquefois une certaine idée de la vie sociale. Mais s'il nous est plus aisé aujourd'hui de percevoir quelles croyances, quelles chimères, illusions ou superstitions ont présidé à l'édification de ces Monuments de raison, lorsqu'il s'est agi de construire des Lieux de folie, force est de constater qu'il nous est bien plus difficile de repérer les 'espérances chimériques qui, à ce jour, nous font négliger la réalité' (D'Holbach), ou dit plus prosaïquement nous font négliger certains paramètres fondamentaux que la clinique a su patiemment échafauder. Ainsi de l'espace dont il semble désormais utopique de penser qu'il pourrait, comme nous invitait Esquirol à le faire, dans le cadre des institutions où nous œuvrons, être conçu comme un outil thérapeutique et non pas, architecturalement, sacrifier à la pure fonctionnalité. [Résumé d’auteurs]
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