Contribution ethnopsychiatrique à l'étude des délires de filiation : A propos de six observations
Editeur : | [s.l.] : [s.n.] |
Spécialité du diplôme : | CES de psychiatrie |
Auteur(s) : | GENDRY DUHAMEL H, Aut. |
Année de publication : | 1983 |
Pages : | 132 |
Mots-clés : | DELIRE DE FILIATION ; |
Résumé : |
Ebauche d’une analyse sociologique des délires de filiation. Nous avons donc vu comment, envisagés d’un point de vue ethnopsychiatrie, les délires de filiation peuvent être classés dans la catégorie des désordres ethniques. Cette constatation nécessite une série de mises au point :
1/ Les commentaires des cas cliniques ont mis en relief les ressemblances entre les thèmes délirants de patients appartenant aux cadres nosographiques les plus variés. 2/ Suivant la thèse méthodologique selon laquelle il n’est pas pertinent de tenir simultanément et sur le même phénomène de discours psychopathologique et un discours sociologique, nous avons consacré un premier temps à l’analyse clinique des délires de filiation, et dans un deuxième temps, nous avons ébauché une explication sociologique de la fonction de ces délires. 3/ L’analyse clinique d’un patient atteint de délire de filiation ne sera pas une analyse sociologique. Au contraire, elle doit ignorer la façade culturelle pour mettre à jour la structure psychopathologique dans sa pureté clinique. 4/ La compréhension d’un cas de désordre ethnique ne présume en rien de sa nature psychiatrique. Elle ne concerne que le segment culturel de son inconscient. 5/ L’analyse clinique peut nous dire pourquoi un patient délire. L’analyse sociologique explique pourquoi, dans son cas, le délire porte sur la filiation. 6/ Il s’ensuit qu’une analyse ethnopsychiatrique se fera nécessairement à un triple niveau. Le thème culturel filial : le roman familial. Le désordre ethnique qu’il induit : le délire de filiation. Le désordre psychopathologique spécifique à l’individu : paranoïa, schizophrénie, dépression, etc… Ces conclusions brèves nous permettent d’ébaucher une analyse sociologique que nous espérons développer plus longuement d’ailleurs : 1) Il existe, au sein de notre société, une relative désacralisation culturelle des représentations de la filiation. La procréation se trouve réduite à ses processus biologique et la famille devient ainsi non seulement une préoccupation littéraire, mais aussi une niche culturelle, comparable par certains points à un mythe ou une religion. 2) Selon notre hypothèse que nous discuterons pas longuement ici, l’espace romanesque de la filiation prend le relai des mythes sacrés sur les origines. 3) Cet espace romanesque de la filiation permet non seulement de nourrir les thèmes de délire, mais aussi la production de toute une série de modèles préstructurés de symptômes psychopathologiques. C’est, d’un point de vue ethnopsychiatrique, la niche culturelle occupée par la filiation et par son héritage mythique. [Résumé de l’auteur] |