Résumé :
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Le complexe de castration se rattache très étroitement au complexe d'Œdipe dans la théorie freudienne classique. Aussi bien est-il quelque peu artificiel, mais inévitable pour la clarté de l'exposé, de distinguer Œdipe et castration. Il est vrai, aussi, que tous les problèmes psychanalytiques sont intriqués et qu'il est également difficile de séparer la castration de l'étude du Surmoi et de l'angoisse, par exemple. Notons que Freud n'a jamais fait d'étude exhaustive de ce complexe. Il aborde celui-ci au fur et à mesure de ses découvertes cliniques et théoriques, dans des articles successifs. Il n'existe pas non plus, à notre connaissance, de revue d'ensemble de la castration chez les auteurs postfreudiens, hormis un remarquable cours que Jean Laplanche a consacré à ce problème dans le cadre de l'U.E.R. des Sciences humaines cliniques. Bien que de nombreux thèmes de castration figurent dans les rêves dont Freud illustre la Traumdentung, ce n'est que l'analyse du petit Hans qui lui permet la découverte du complexe de castration. Rappelons que la psychanalyse du petit Hans s'est poursuivie l'année même de la première publication des Trois Essais sur la théorie de la sexualité, qui ne contient encore aucune référence à cette question. Trois ans après, Freud publie un texte sur ‘les théories sexuelles infantiles’, qui fait une large place au complexe de castration. La névrose du petit Hans s'articule autour d'une phobie du cheval. L'analyse va montrer que le cheval, comme dans le totémisme, représente le père. Soulignons à ce propos que les grands animaux, dans la zoologie imaginaire des névrosés, sont des substituts paternels ou, plus exactement, l'enfant phobique déplace sur l'animal la crainte qu'il a de son père : en évitant l'animal -qu'il est amené à rencontrer moins souvent que son père- il évite d'affronter sa crainte. La pensée du névrosé se rapproche ici de celle du primitif, comme Freud l'avait inféré dans Totem et Tabou. Le petit Hans craint d'être mordu par le cheval ; Freud va déceler une peur touchant en fait le pénis : il s'agit d'une figuration de l'angoisse de castration. Remarquons qu'ici la curiosité sexuelle du petit Hans s'attache à son ‘fait-pipi’. Il s'intéresse également à ses activités d'excrétion, c'est-à-dire à la séparation quotidienne d'avec ses selles. Il faut noter, de plus, son intérêt pour la façon dont naissent les enfants et pour la grossesse, lié à la venue de sa petite sœur Anna. Dans ‘Le Petit Hans’, Freud relève les désirs de maternité et d'identification féminine du petit Hans. D'ores et déjà, le cas princeps, sur lequel Freud va fonder la théorie de la castration, contient deux thèmes, la défécation et le désir de maternité chez l'homme, qui sont de première importance pour la discussion, encore ouverte, quant à la place centrale du complexe de castration dans la théorie psychanalytique. [Préface]
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