Résumé :
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Passionnément, follement même, disciple de Freud, comme il fut élève de Lacan avant de s'en éloigner, ce n'est pas leurs textes que commente François Perrier, leurs doctrines qu'il exploite, leurs mots qu'il emploie, ou si peu. Il ne promeut pas leurs noms. C'est la pratique de la psychanalyse, sous tous ses angles, qu'il interroge, par laquelle il se montre interrogé, mis à la question. Mais le psychanalyste, il l'appelle, tout naturellement, « le freudien ». Freudien, il l'est de part en part, avec démesure - et c'est, selon lui, seulement ainsi qu'on peut l'être - inconfortablement et incurablement placé dans la position intenable où le freudisme met les siens, décidé à y rester, à en témoigner et à en sauvegarder les conditions :
celles d'une radicale absence de garanties. C'est le fil qui relie ces textes, écrits au long des années, de 1954 à ces tout derniers temps. Et le livre fermé, rien n'a pris fin, aucune question n'est refermée. On ne peut être « disciple » de Perrier, au sens où l'on peut, à la limite, l'oublier comme auteur, n'avoir rien retenu de la lettre de ce texte, qui n'est ni manuel de psychanalyse, ni guide pour la promenade dans ses institutions, ni soutien pour la pensée. Reste la trace en soi des interrogations sans réponse, des contradictions sans chance de résolution, qu'il réveille, avec une certaine fureur, chez le praticien de la psychanalyse. Ce qui justifie amplement son mot : « L'analyste souffre de réminiscences ». Et ce n'est pas lui, Perrier, qui nous aiderait à oublier. [Marie Moscovici, La quinzaine littéraire]
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