Résumé :
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‘Le Roi donne un ordre par écrit d'aller aveugler tel enfant, et cet ordre se donne au premier venu (...). L'ordre porté dans le Sérail est bientôt compris, et il y excite des pleurs et des cris; mais enfin il faut laisser aller l'entant. Les Eunuques l'amènent au cruel messager, qui leur jette l'ordre ou, comme vous diriez, la Lettre de Cachet, et puis se mettant en terre, il saisit l'enfant, l'étend de son long sur ses genoux, le visage tourné en haut, en lui serrant la tête du bras gauche. Puis, d'une main, il lui ouvre la paupière, et de l'autre il prend son poignard par la pointe, et tire les prunelles l'une après l'autre, entières, et sans les gâter, comme on fait d'un cerneau. Il les met en son mouchoir et va les porter au Roi.' (Chardïn, Voyages en Perse, 1686). Voilà la scène despotique. En désignant, après Aristote, l'Asie comme son lieu naturel, Montesquieu a fait du despotisme (qui ne cessera de hanter l'âge classique) le concept d'un fantasme.A suivre les voyageurs des XVIIè et XVIIIè siècles, c'est au cœur de ce fantasme que ce livre conduit. Dans l'ombre archaïque du Sérail où l'Eunuque distribue tous les rôles, il invite à découvrir le secret du despote et de cet inconcevable pouvoir, qui pourtant saute aux yeux. Alain Grosrichard:Né en 1941. Ancien élève de l'ENS de la rue d'Ulm. Agrégé de philosophie. Maître assistant au département de psychanalyse de l'université de Paris VIII (Vincennes).[résumé d'éditeur]
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