Résumé :
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La chaire de clinique des maladies mentales a été créée en 1879. Le premier titulaire fut Benjamin Ball. On connaît assez bien tous les autres titulaires : Gilbert Ballet, Ernest Dupré, Henri Claude, Laignel-Lavastine, Lévy-Valensi, Delay, Pichot... Et Alix Joffroy (1844-1908) ? Son nom ne résonne pas en nous comme Baillarger, Morel, Magnan, Seglas, Falret, Voisin et tant d'autres. Il eut trois maîtres qui l'ont profondément marqué dans sa carrière : Vulpian, Duchenne de Boulogne et Charcot. Interne des Hôpitaux en 1868, Médecin des Hôpitaux en 1879, agrégé en 1880, en 1893 il succède à Benjamin Ball à la chaire des maladies mentales et de l'encéphale. Pionnier par ses recherches en neuropathologie sur l'atrophie musculaire progressive, sur la poliomyélite antérieure aiguë et sur la paralysie labioglossolaryngée, Joffroy montra que le caractère commun et fondamental dans ces affections est l'atteinte des cellules nerveuses de la corne antérieure de la moelle. Le premier, il établissait l'existence d'amyotrophies généralisées dans des névrites primitives sans lésion spinale et il fut le premier aussi à mettre en lumière comme cause de névrite un processus chronique de nature ischémique. Dans ses travaux sur la maladie de Basedow, il soutiendra le rôle de la thyroïde dans cette affection, contre les partisans du bulbe. Élevé dans la tradition anatomoclinique, il s'orienta progressivement vers l'étude de la pathologie mentale, avec un fort intérêt pour tous les troubles mentaux associés à des affections organiques. Expérimentateur avisé, il fit de nombreux travaux sur la toxicité des alcools, montrant leurs effets néfastes sur le système nerveux, et contribuera ainsi au développement de l'hygiène mentale. Si l'hystérie, les hallucinations, les fugues furent l'objet d'études, neuropathologiste dans l'âme, il consacra de nombreux travaux à la Paralysie Générale, avec la publication posthume d'un ouvrage avec R. Mignot. Opposé à A. Fournier, Joffroy énoncera que la Paralysie Générale est souvent d'origine syphilitique et jamais de nature syphilitique. Durant 15 ans, Joffroy fut titulaire de la chaire des maladies mentales et de l'encéphale, et pourtant il reste un oublié de la psychiatrie. Dans le présent article, nous nous proposons de faire acte d'exégèse en évoquant Alix Joffroy à travers le rapport que fit Charcot sur lui quand il se présenta, face à Gilbert Ballet et Valentin Magnan, à la succession de Benjamin Ball et nous tentons d'expliquer cette amnésie collective.[résumé d'auteur]
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