Résumé :
|
L'Ayahuasca est une plante hallucinogène traditionnelle inca. L'intoxication par l'Ayahuasca est une expérience dysleptique introspective à forte tonalité émotionnelle et particulièrement bien mémorisée. Elle peut se compliquer de malaises physiques, des réactions de terreur, de bouffées délirantes. Les feuilles d'Ayahuasca contiennent de la diméthyltryptamine (DMT), les lianes des alcaloïdes β-carbolines (THH). La DMT est un agoniste sérotoninergique proche du LSD (Acide lysergique diéthylamide). Les B-carbolines inhibent les monoamine-oxydases de type A qui, au niveau intestinal, dégradent la DMT et permettent le passage de la barrière intestinale et allongent sa durée d'action. Les B-carbolines expliquent les effets purgatifs et émétisants de l'Ayahuasca. L'utilisation à visée thérapeutique de l'Ayahuasca est l'objet de nombreux débats. Les promoteurs la proposent comme traitement de certaines pathologies addictives. Dans des contextes spiritualistes avec des groupes à résonance chamanique, elle permettrait d'avoir accès à l'inconscient avec une forte charge émotionnelle. Cette approche est récusée par les milieux scientifiques qui relèvent la faiblesse méthodologique de ces travaux, l'absence de recul quant aux rechutes et la suggestibilité des sujets. L'auteur met en évidence les risques de distorsion des perceptions affectives, le surinvestissement du vécu personnel et le primat du subjectivisme, la précarisation des instances de réalité. Cela favorise des fonctionnements de type paralogique, interprétatifs, intuitifs et à forte connotation passionnelle. Cette conviction entraîne l'adhésion des sujets les plus vulnérables et les plus suggestibles, une rigidification des processus psychiques, un appauvrissement et un rétrécissement de la vie affective autour de cet objet, l'Ayahuasca. L'Ayahuasca a été classé comme substance dangereuse par les autorités sanitaires au même titre que d'autres psychodysleptiques.[résumé d'auteur]
|