Résumé :
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Maurice Leenhardt est parmi les rares ethnologues à inspirer les courants psychologiques et psychiatriques de son temps. Pour mieux comprendre la pensée de Maurice Leenhardt, il est indispensable de contextualiser ses travaux au regard d'au moins cinq références : l'ethnologie de Lucien Lévy-Bruhl, la psychiatrie coloniale, la psychologie différentielle, la psychologie historique et la psychiatrie phénoménologique. Les propositions théoriques de Lévy-Bruhl et Leenhardt vont beaucoup intéresser psychiatres et psychologues de leur époque dans le débat sur l'universalité du psychisme humain et sur la nature de la maladie mentale au regard de la normalité. Les théorisations de Maurice Leenhardt décrivant une personnalité kanake ' normale-pathologique ' rejoignent tant les analogies psychanalytiques et de psychologie génétique (développementale) de son temps, associant le névrosé, l'enfant et le primitif, mais aussi les définitions plus tranchantes de la psychiatrie coloniale française et anglo-saxonne. L'ethnopsychologie de Maurice Leenhardt rencontre les courants intellectuels de son temps, mais aussi leurs impasses : la psychologie historique et la psychiatrie phénoménologique tombent dans l'oubli et la psychanalyse est inexistante chez Leenhardt. Cependant, ses conceptualisations auront une influence directe sur la théorisation des psychiatres en Nouvelle-Calédonie jusqu'à l'époque contemporaine, permettant trop souvent aux psychiatres de faire l'économie d'une recherche transculturelle et anthropologique sur la population kanake auprès de laquelle ils sont amenés à intervenir. Mais au-delà de son influence sur la psychiatrie en Nouvelle-Calédonie, il est également important de resituer Maurice Leenhardt dans le mouvement missionnaire et dans le large courant de la psychiatrie coloniale française et anglo-saxonne.[résumé d'auteur]
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