Résumé :
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L'homme qui a fait profession de tuer des taureaux dans le cadre strictement défini de la corrida, en affrontant la mort réelle, celle de l'animal mythique, doit se confronter à sa propre angoisse qui dépasse largement le cadre de sa propre mort. Une étude de la sémiologie anxieuse tirée de témoignages ou de récits de matadores, c'est-à-dire littéralement de ' tueurs ', permet de mettre en évidence une prépondérance de l'utilisation de défenses empruntées au registre obsessionnel (superstitions, rituels conjuratoires) qui ne sont pas identifiées comme pathologiques. Au-delà de l'angoisse classique de tout artiste ou intervenant public qui peut s'apparenter au trac, surgissent des angoisses plus spécifiques et rationalisées comme la peur de la blessure ou de l'échec fréquemment vécu ici avec des affects de honte mais aussi des angoisses plus inconscientes, le ' taureau intérieur ' encore plus menaçant et plus redoutable que celui qui sortira en piste et qui servira d'écran projectif aux angoisses internes. Cette spécificité de la corrida explique en partie les passions qu'elle ne manque pas de susciter dans les rangs des opposants ou des défenseurs de cette pratique.[résumé d'auteur]
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