Résumé :
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En 1927, Ernst Kretschmer publie la deuxième édition allemande de Paranoïa et sensibilité : contribution au problème de la paranoïa et à la théorie psychiatrique du caractère. Kretschmer s'y oppose à Kraepelin et renonce à l'idée d'un délire de revendication surgissant d'un point isolé, évoluant inexorablement vers la chronicité suivant un schéma paranoïaque rigide et progressif. À cette implacable évolution qui témoigne pour Kraepelin de la marche progressive d'une maladie, Kretschmer oppose l'instabilité du délire, l'occurrence fréquente d'une paranoïa ' abortive ' : sensible au contexte, variable dans le temps. Par ailleurs, cet auteur renonce à identifier un seul caractère sensitif, décrivant des formes asthéniques, psychopathiques, expansives. Il dégage néanmoins un type essentiel d'existence, cherchant derrière cette variabilité clinique un trait commun : la rétentivité des affects. Cette démarche clinique n'est pas sans rappeler la méthode phénoménologique : l'époché de toute théorie sur la paranoïa et la libre variation sur les caractères sensitifs permettent de dépasser la facticité des tableaux cliniques et d'identifier les caractéristiques eidétiques d'un type paranoïaque. Nous nous proposons de dégager d'autres manifestations d'essence d'un tel type existentiel et d'envisager leurs rapports avec le type mélancolique et le type schizophrénique. Nous examinerons particulièrement les motifs essentiels de l'échec de la rencontre du sensitif avec autrui, nous référant à la phénoménologie de la rencontre de Buytendjik. [résumé d'auteur]
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