Résumé :
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L'angoisse pourrait à elle seule condenser l'histoire traumatique du XX° siècle : jamais autant l'idéologie s'est confondue avec l'extermination, le religieux avec sa faillite et son fanatisme, la science avec l'eugénisme. Ce siècle de la barbarie des nations d'élite est annoncé par des oeuvres, qui ont la puissance d'un cri de détresse et d'horreur anticipé (cri de Munch). Expérience d'un souffle coupé, d'un corps rompu, d'un esprit vidé, l'angoisse n'a pas été conjurée mais célébrée par la création picturale avec le mouvement expressionniste, annoncé par le fauvisme et l'incandescence radieuse puis cruelle des couleurs. La rupture est signée entre l'harmonie de l'impressionnisme et ses touches et la stridence des stigmates et des ravages expressionnistes. La mise en souffrance de l'incarnat (peau livide) atteste l'angoisse annihilante, annonçant les désastres à venir. Nous verrons ainsi comment l'expressionniste et plus particulièrement E. Schiele de l'école viennoise, fidèles en cela à la pensée nietzschéenne, ont mis au coeur de l'expression pictographique l'angoisse imminente, la hantise et l'inéluctable de la destruction. Ce pressentiment de l'horreur vient nourrir la création, sans volonté de nier l'angoisse, ni de la faire taire sous des effets d'esthétisme. [ résumé de l'éditeur]
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