Résumé :
|
Entre Karl Kraus et Sigmund Freud, tout semblait pourtant si bien commencer... Contrairement à une légende tenace, les positions des deux hommes s’avèrent être très proches durant les premières années du xxe siècle. L’estime réciproque qu’ils se portent jusqu’en 1907 se fait jour dans leurs lettres et leurs œuvres. De fait, les similarités sont frappantes : tous deux travaillent alors à une redéfinition du concept de perversion, s’opposent à la pénalisation de certains comportements sexuels (comme l’homosexualité) et s’efforcent d’affranchir le domaine de l’érotisme (Kraus) et de la sexualité (Freud) du statut d’exception où les place la morale bourgeoise. Sous la plume de Kraus, les allusions aux toutes jeunes théories freudiennes ont valeur de preuve de respect. Freud, de son côté, cite le satiriste à plusieurs reprises dans ses écrits de la décennie 1900. Pourtant, le changement de ton est sensible chez Kraus dès 1907, et l’alliance objective des premiers temps se mue très rapidement, de part et d’autre, en une situation d’hostilité déclarée.
|