Résumé :
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La caractéristique sans doute la plus déroutante du principe de précaution est l'impératif de prise en compte du risque potentiel, ce qui donne l'impression qu'il pourrait s'appliquer à l'intégralité des activités humaines. L'approche juridique de la question laisse apparaître le flou de la définition de ce principe. Réservé jusque-là au domaine de l'environnement, il apparaît dans le droit français vers 1995 et est appliqué pour la première fois à la santé par le Conseil d'État à l'occasion d'un jugement concernant l'affaire du sang contaminé. Il entre dans la Constitution française en 2005. Si la prévention consiste en un ensemble de techniques visant à ce qu'un risque avéré ne se réalise pas, la précaution vise, autant que faire se peut, à éviter un danger hypothétique marqué d'une incertitude scientifique. Il existe en médecine comme ailleurs des risques auxquels nul n'avait pensé, des risques inattendus. Ce qui nous invite à la plus grande prudence, prudence qui a incontestablement sa place dans le cadre de la réflexion éthique, mais demeure avant tout du ressort de la déontologie. Le principe de précaution, comme la déontologie, s'arrête au point où l'éthique médicale commence. Mais si le principe de précaution se trouve dans le même rapport à l'éthique médicale que la déontologie, il ne se confond pas pour autant avec cette dernière. La déontologie suppose un engagement individuel de chaque médecin alors que le principe de précaution ne requiert aucun engagement individuel, il s'impose à tous de l'extérieur et trouve ainsi sa limite dans l'éthique médicale. Faute de trouver des limites afin de pouvoir être sereinement pensé, un tel principe imposé de manière hégémonique, écrase la réflexion, sidère la pensée et paralyse l'action. Ce qui permet d'affirmer qu'il faut que le principe de précaution ait des limites [Résumé d'auteur]
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