Résumé :
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Etre précaire en France, ce n'est pas seulement manquer d'argent pour aller chez le médecin, c'est aussi affronter des refus de soins alors qu'on est titulaire d'une couverture maladie, ne pas connaître ses droits car on ne maîtrise pas les arcanes de l'administration, repousser des soins courants car on travaille aux heures d'ouverture des cabinets médicaux. jusqu'à venir grossir les rangs des salles d'attentes des urgences. Si la réforme de la CMU en 1999 a facilité l'affiliation d'une partie des plus pauvres à l'assurance maladie les étrangers en situation irrégulière sont restés dans un système d'exception, l'Aide Médicale d'Etat (AME)- , la précarité signifie encore trop souvent l'éloignement des structures des soins. Lutter contre cet éloignement nécessite de renforcer les moyens mais aussi d'adapter le système aux besoins spécifiques des populations. Depuis trente ans, les expérimentations sont nombreuses et fructueuses : centre de dépistage anonymes et gratuits, bus itinérants pour les soins dentaires ou l'accès au matériel de prévention des infections sexuellement transmissibles, éducation à la santé menée par des pairs Elles sont menées par des acteurs de plus en plus nombreux : associations médicales, hôpitaux, mouvements de patients. Mais elles ne peuvent avoir de sens que si elles sont coordonnées, évaluées, discutées puis intégrées au système de droit commun (table-ronde 1). Elles n'ont d'avenir que si elles associent pleinement les patients dans le respect de leurs droits (table-ronde 2). Dans un contexte de crise économique mondiale majeure, l'accès aux soins des plus précaires n'est pas une question philanthropique, il est une nécessité politique. Dans une étude récente parue dans le Lancet sur la situation sanitaire en Grèce, une équipe de chercheurs constatait la dégradation rapide de l'état de santé de la population et mettait en garde : Une plus grande attention doit être portée à la santé et à l'accès aux soins pour s'assurer que la crise n'impacte pas la dernière source de richesse du pays : son peuple'. C'est dans cet esprit que Médecins du Monde, accueillis par la Société Française de Santé Publique dans le cadre de son congrès annuel, a réuni des chercheurs, acteurs du système de soins, représentants des associations de patients pour une après-midi de débats et d'échange sur les enjeux de santé publique dans le champ de la précarité. Nous vous livrons ici le verbatim de ces interventions. [résumé d'éditeur]
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