Résumé :
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On a généralement pour habitude d'étudier la production et l'interprétation musicales dans les camps sous l'angle du réconfort, de la résistance et même de la survie : exécuter ou écouter de la musique permettait aux prisonniers de s'affirmer tout d'abord comme des êtres pensants, doués de goût, et non plus comme de simples numéros dénués de toute humanité, constituant dès lors une forme de résistance au système nazi. Sur un plan matériel ensuite, la pratique d'une activité musicale, par exemple dans l'orchestre officiel - qui était mis en place dans chaque camp - assurait des avantages vitaux, notamment des rations alimentaires plus importantes. Néanmoins, il ne faut pas occulter la part active au traumatisme que la musique a pu prendre. Des années après son expérience concentrationnaire, Primo Levi écrivait ainsi des musiques du camp : 'Elles sont gravées dans notre esprit et seront bien la dernière chose du Lager que nous oublierons ; car elles sont la voix du Lager'. La musique a résonné abondamment, sur-abondamment, dans les camps de concentration : pour rythmer les déplacement vers les lieux de travail, lors des retours au camps tout d'abord ; elle a également été mise à contribution dans l'entreprise d'humiliation systématique et de destruction psychologique des prisonniers, ces derniers étant par exemple contraints de chanter des heures durant sous des conditions climatiques extrêmes lors des fameux 'appels', ou avant leur propre exécution ou celle de leurs co-détenus. C'est donc à la musique et son rôle collaborateur à l'entreprise d'extermination nazie que nous nous intéresserons dans notre communication. [résumé d'auteur]
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