Résumé :
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Au travers d'une longue série d'articles qu'il publie entre 1909 et 1930, le psychiatre français Gaëtan-Gatian de Clérambault développe une théorie originale, en rupture avec celle de ses contemporains qui repose sur l'idée dogmatique, établie par Valentin Magnan, que le délire précède l'hallucination. Il énonce ainsi la genèse des psychoses dites « à base d'automatisme mental ». Pour Clérambault, le délire n'est pas à évolution systémique progressive, il ne relève pas d'une étiologie idéogène, mais il se surajoute donc à l'automatisme mental, qui constitue le fait primordial de la psychose. Le délire est secondaire à un ensemble de phénomènes classiques qui opèrent une véritable « scission du moi ». Supposant une origine organique à ces phénomènes, Clérambault les décrit suivant un certain ordre de succession dans leur apparition, passant du registre purement psychique (relevant du stade du « petit automatisme ») au registre verbal puis aux sphères sensitives et motrices (constituant le tableau final du « grand automatisme mental »). Sur cette base se construit un délire, une « personnalité secondaire » dont les caractéristiques dépendent de la personnalité antérieure du sujet et du degré d'hostilité qu'engendre l'automatisme mental. Au-delà des critiques qui peuvent être adressées à l'égard de ce nouveau dogme mécaniciste et organiste, une pertinence évidente doit être reconnue dans cette acuité de Clérambault à faire le tour des manifestations de la psychose pour en retenir un substrat essentiel, irréductible - ce que ne manquera pas de faire Jacques Lacan.
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