Résumé :
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Pendant la deuxième guerre mondiale, les malades mentaux hospitalisés ont souffert plus durement que la population générale de la surmortalité liée aux restrictions alimentaires et à la recrudescence de la tuberculose. Cette question fait l'objet de polémiques vives et anciennes. En 2007, la question trouve un regain d'actualité avec la parution de l'ouvrage de Mme von Bueltzingsloewen. L'étude démographique conduite pour la première fois à partir des données publiées donne les résultats par sexe, âge, diagnostic et catégorie d'établissement. Les taux de mortalité et les ratios standardisés de mortalité sont calculés. Débutant dès 1939, la hausse de la mortalité est massive en 1940 et 1941. En 1941, près d'un homme sur trois et près d'une femme sur cinq sont décédés. À la suite de la circulaire ministérielle du 4 décembre 1942, la mortalité baisse notablement en 1943 et reste stable en 1944, sans revenir au niveau constaté avant la guerre, qui n'est atteint à nouveau qu'en 1946, après une nouvelle baisse en 1945. Enfin, la comparaison avec les personnes hébergées dans les hospices suggère l'existence d'une surmortalité plus grave dans les établissements psychiatriques, même si d'autres populations vulnérables ont elles aussi subi les effets redoutables de la famine. Au total, le nombre de personnes frappées par la surmortalité dans les établissements psychiatriques peut être estimé à environ 45 500. L'ampleur de ce drame résulte des restrictions liées à la guerre, mais aussi de la précarité préexistante de l'hygiène, de l'alimentation et de l'encadrement par le personnel dans les établissements psychiatriques.[résumé d'auteur]
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