Résumé :
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Introduction Selon de nombreux auteurs, l'altération des interactions sociales chez les enfants présentant un trouble du spectre autistique serait liée à un déficit de la théorie de l'esprit. La théorie de l'esprit est décrite comme l'aptitude de chacun à prédire ou expliquer le comportement de nos semblables en leur attribuant des croyances, des souhaits ou des intentions. De nombreuses études ont démontré que les enfants souffrant d'un syndrome d'Asperger ou d'un autisme de haut niveau réussissent les épreuves testant les fausses croyances de premier ordre aussi bien que les sujets contrôles. En revanche, pour les épreuves de fausses croyances du deuxième ordre, les résultats sont plus controversés. Pour avancer dans la compréhension de cette compétence, plusieurs auteurs ont élaboré des épreuves de théorie de l'esprit plus complexes et ont montré que les sujets Asperger ou autistes de haut niveau ne parvenaient pas à réaliser ces tâches. Mais la plupart de ces épreuves n'ont été réalisées que chez les adultes. L'objet de cette étude était d'évaluer les capacités d'enfants et d'adolescents Asperger ou autistes de haut niveau à attribuer des intentions à autrui en utilisant une épreuve complexe basée sur la compréhension de bandes dessinées. Les mêmes enfants étaient également engagés dans une épreuve de fausses croyances classiquement utilisée : la tâche des Smarties. Méthode Deux groupes d'enfants ont participé à cette étude : un groupe de 16 enfants porteurs d'un syndrome Asperger ou autisme de haut niveau et un groupe de 16 enfants contrôles appariés sur l'âge et le sexe. L'épreuve proposée comportait 26 bandes dessinées racontant une histoire courte. Pour chaque histoire, le sujet devait choisir parmi 3 images celle qui représentait la suite plausible de l'histoire. Dans la condition Attribution d'intention, l'histoire impliquait un personnage dont le sujet devait comprendre les intentions pour pouvoir donner la réponse correcte. Dans la condition Causalité physique, le sujet devait comprendre le déroulement physique d'un événement. Résultats Tâche bande dessinée : une analyse de variance [2 groupes (CONT/ASD) * 2 conditions (AI/CP)] a été conduite sur le nombre de réponses correctes. Cette analyse montre que l'interaction Groupe * Condition est significative [F(1-30) = 4,3, p ≪ 0,05]. Chez les sujets Asperger, les scores sont significativement plus élevés dans la condition CP(M = 10,8, SD = 2,5) que dans la condition AI(M = 9,8, SD = 2,01), [F(1-15) = 2,9, p ≪ 0,001], alors que chez les sujets contrôles, les performances sont identiques dans les deux conditions. Tâche des Smarties : tous les sujets Asperger ou autistes de haut niveau ont réussi. Discussion Les résultats de cette étude montrent clairement que les enfants souffrant du syndrome d'Asperger ou d'autisme de haut niveau présentent un déficit sélectif pour interpréter les intentions d'autrui. En effet, dans l'épreuve des bandes dessinées, ces patients ont des difficultés pour trouver la suite logique d'une histoire lorsque cette dernière implique des attributions d'intention. Notre étude démontre aussi que si les sujets Asperger échouent lors de l'épreuve testant la théorie de l'esprit à l'aide de bandes dessinées, ils réussissent l'épreuve de la théorie de l'esprit basée sur les fausses croyances (Smarties). Même s'il s'agit de deux épreuves testant la théorie de l'esprit, il semble que ces deux tests sont bien distincts. Il est possible que ce soit la modalité verbale du test qui explique la meilleure réussite au test des Smarties par rapport au test des bandes dessinées où les modalités de présentation sont uniquement visuelles.[résumé d'auteur]
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