Résumé :
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Le vieillissement se caractérise par une perte progressive des capacités adaptatives du sujet, à une période où les agressions socio-environnementales se multiplient. Chez le sujet âgé, les événements de vie représentent un choc bouleversant le sujet et son entourage, rompant un équilibre homéostatique fragile. Ce travail tente d'évaluer quantitativement mais aussi qualitativement la présence d'événements de vie traumatiques ayant précédé l'apparition du syndrome démentiel ; 565 patients déments répondant aux critères de démence du DSM IV ont été inclus dans le cadre de l'étude PIXEL, étude rétrospective conduite sur l'ensemble du territoire métropolitain français. Un auto-questionnaire a été proposé à l'aidant principal informel du sujet dément, au sein duquel nous avons analysé les réponses obtenues à l'une des questions portant sur des événements de vie vécus récemment par le sujet. La population étudiée comprend 362 femmes (79,6 + 7,7 ans) et 203 hommes (76,3 + 7,5 ans). On dénombre 372 réponses à cette question (65 % de l'échantillon). Parmi ceux-ci, 76 aidants ont répondu qu'il n'y avait pas de traumatisme en lien avec le processus dégénératif, tandis que les 296 autres (79 % des répondeurs, 52 % de la totalité des dossiers) l'évoquent au contraire à un ou plusieurs événements de vie. Les événements faisant référence à une « perte » réelle ou symbolique représentent 62,85 % des événements de vie rapportés ; 167 réponses sont assimilables à un traumatisme psychique chez le sujet âgé, soit près de 39 % des réponses. Surtout, 82,71 % des réponses peuvent être associées à la notion de stress répété ou prolongé. Enfin, si la dépression est évoquée spontanément par 22 aidants, la majorité des événements de vie rapportés sont susceptibles de déstabiliser l'humeur. Il apparaît donc que l'événement traumatique est souvent utilisé par les familles comme cause explicative du début de la pathologie ou comme facteur aggravant. Selon une théorie intégrative, un stress intense et prolongé pourrait représenter un facteur précipitant d'un syndrome démentiel infraclinique ou un facteur de décompensation chez des sujets âgés présentant ces vulnérabilités génétiques, biologiques ou psychologiques à un processus neurodégénératif. Leur impact serait modulé par la personnalité prémorbide, les capacités d'adaptation et le réseau de soutien mis en place par le sujet.[résumé d'auteur]
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