Résumé :
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La présente recherche tend à appréhender la sphère professionnelle sous le regard exclusif de la victime, faisant du travail un microcosme où s'entremêlent sacralisation et agression. Notre étude s'évertue en conséquence à démontrer que la nature de la victimation, chronique (harcèlement professionnel) versus aiguë (agression à main armée), résultant de scripts agressifs spécifiques, détermine l'expression d'un seuil de tolérance différentiel, caractérisé par la manifestation de conséquences psychologiques, physiologiques et relationnelles. Cette relation s'inscrit dans un processus dynamique dans lequel la liaison entre le déterminant (type de victimisation) et la résultante (seuil de tolérance) est modulée par deux facteurs sociocognitifs, empruntés au modèle transactionnel du stress de Lazarus et Folkman (in 9). Ces facteurs interférents correspondent à l'évaluation sociale du stresseur et aux stratégies d'ajustement adoptées. La stratégie comparative de recherche adoptée a alors nécessité la constitution de trois échantillons indépendants : dix victimes de harcèlement, sept victimes de braquage et dix sujets témoins, salariés interrogés sur la base d'un événement professionnel vécu comme stressant. Les résultats attestent d'un seuil de tolérance différentiel, significativement plus faible pour les victimes de mobbing (11). L'induction d'une telle différence tend à trouver une source d'explication dans une perception différente du stresseur, majoritairement dispositionnelle pour les victimes de harcèlement mais davantage situationnelle pour les victimes d'agression à main armée. À cela s'ajoute, indépendamment de la nature de l'agression, la prépondérance d'un système d'ajustement passif, supposant une altération du sentiment de contrôle. Ces premiers résultats ouvrent une brèche à la réflexion sur la mise en place de programmes de prise en charge psychologique adaptés à la nature même de la victimisation.[résumé d'auteur]
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