Résumé :
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Une forte prévalence féminine ou masculine est souvent retrouvée dans les troubles mentaux. À partir des exemples de l'anorexie mentale (90 % de filles) et du syndrome autistique (80 à 90 % de garçons), seront discutés les arguments qui permettraient de mieux comprendre ces différences de sex-ratio. Ainsi, le rôle de certains facteurs socioculturels dans l'émergence de l'anorexie mentale à l'adolescence sera développé. La prédominance masculine de l'autisme a suscité des hypothèses biologiques, en particulier génétiques ou hormonales. Mais on peut aussi se demander si la représentation culturelle des rôles sexués et ses effets (attentes, attitudes et comportements différenciés en fonction du sexe de l'enfant) ne retentiraient pas sur le développement des domaines des interactions sociales et de la communication qui sont très perturbés dans l'autisme. En effet, selon la plupart des études, les parents sollicitent et stimulent plus les interactions sociales et la communication (regards surtout durant les mois qui suivent la naissance, vocalisations puis langage verbal, ainsi qu'expression des émotions) chez les filles que chez les garçons les trois premières années de vie, période correspondant à l'apparition des troubles autistiques. On peut également proposer un modèle plus complexe non linéaire, où les facteurs biologiques génétiques (comme les chromosomes sexuels) et/ou hormonaux (comme les hormones stéroïdes sexuelles) joueraient un rôle dans une différenciation des comportements des garçons et des filles dès la naissance. Ces comportements différents induiraient chez les parents des attentes et attitudes différenciées selon le sexe de l'enfant, qui à leur tour viendraient renforcer les comportements plus caractéristiques de chaque sexe. On observerait ainsi un continuum dans différents domaines comportementaux (par exemple, les garçons interagiraient et communiqueraient moins que les filles, les filles exprimeraient plus leurs émotions), les troubles mentaux se situant aux extrémités de ce continuum (comme par exemple, les troubles autistiques chez certains garçons et les troubles anxieux chez certaines filles). Cette hypothèse s'inscrit dans une approche intégrée psycho-biologique qui prend en compte la différenciation sexuelle des troubles mentaux ; elle propose un modèle où l'on passe d'une conception nosographique catégorielle à une conception dimensionnelle des troubles mentaux.[résumé d'auteur]
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