Résumé :
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Dans le cadre d'un tribunal administratif canadien chargé de déterminer à qui l'on doit octroyer le statut de réfugié, le mensonge est simultanément une stratégie de certains réfugiés face aux barrières migratoires croissantes mises en place par les pays plus développés et un instrument de maintien du pouvoir de ces mêmes pays sur leurs frontières, puisqu'il autorise à refouler de nombreux réfugiés sans remettre en question les principes de l'asile et des accords internationaux qui le balisent. L'interprétation de l'histoire du réfugié en termes de conformité et de déviance se structure autour de savoirs experts et d'une expérience qui permettent une objectivation de la vérité et du mensonge, proposant implicitement que cette objectivation soit possible. Dans le cadre de cet article, nous analysons le discours autour de la vérité et du mensonge dans des entrevues réalisées auprès d'anciens commissaires, juges de ce tribunal administratif. Les résultats suggèrent que l'audience est souvent construite comme un piège qui vise à prouver que le réfugié ment et postule une objectivation de la vérité. Ils révèlent aussi que certains juges cherchent au contraire l'authenticité dans la complexité et appréhendent partiellement l'expérience du réfugié au travers des méandres de son histoire et même des mensonges stratégiques.[résumé d'auteur]
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