Résumé :
|
Ce texte envisage la surdité comme paradigme pour penser la voix. Il s'intéresse plus particulièrement à l'impact, conscient et inconscient, du non partage des voix. Cet impact est repérable dans les conflits qui animent les professionnels de la surdité de manière récurrente, conflit autour de la 'voix sonore' et de la 'voix sourde' (Poizat). A travers les propos de professionnels, de parents d'enfants sourds et de sourds, nous essayons d'approcher cet impact ainsi que ce qui constitue la voix, dans sa matérialité et dans ses dimensions subjectives et intersubjectives. Pour les parents, leur voix est vécue comme représentant l'amour maternel, de plus porteuse des caractéristiques de l'intime et du lien de l'intime à l'universel. Le non partage des voix est vécu par l'inconscient comme une perte de sa propre voix et une rupture dans la transmission. On retrouve l'angoisse liée à l'idée de la perte de sa propre voix chez les professionnels dans 'l'effet écho' (Bernard, 1995), situation dépersonnalisante contre laquelle les professionnels chercheraient à lutter. Les remarques de Timothée permettent de réfléchir à une dimension corporelle et sensoriellement partagée, comme constitutive de la voix. Pour finir, est abordé l'investissement dans la voix des sourds et la surdétermination pulsionnelle auquel ce surinvestissement par l'entourage peut donner lieu, du côté de l'analité. Est évoquée alors la dimension profondément privée, du registre de l'intime, à s'exprimer oralement ou gestuellement, à moduler ainsi sa voix. [résumé d'auteur]
|