Stratégie de prise en charge d'un EDM en fonction de la réponse précoce à un antidépresseur IRS ou IRSNA : résultats de l'enquête ORACLE
Source | ENCEPHALE (n°6 cahier 1 vol 31) |
Auteur(s) : | SPADONE C ; SYLVESTRE M ; CHIARELLI P ; RICHARD BERTHE C |
Année de publication : | 2005 |
Pages : | 698-704 |
Mots-clés : | ANALYSE FACTORIELLE ; ANTIDEPRESSEUR ; BENEFICE THERAPEUTIQUE ; ENQUETE ; INHIBITEUR SPECIFIQUE DE LA RECAPTURE DE LA SEROTONINE ; MELANCOLIE ; PRESCRIPTION MEDICALE ; REMISSION ; SOIN AMBULATOIRE ; THERAPEUTIQUE MEDICAMENTEUSE ; |
Résumé : |
Objectif – L'objectif du traitement d'un EDM est l'obtention d'une rémission complète. Or la rémission partielle (persistance de symptômes résiduels) est fréquente, concernant environ la moitié des patients qui ont répondu favorablement à un antidépresseur. Une réponse insuffisante après 3 semaines de traitement peut, selon les recommandations de l'ANAES, être une indication à une modification de la prise en charge. L'objectif principal de cette enquête était de décrire les stratégies thérapeutiques mises en œuvre chez des patients suivis en ambulatoire pour un EDM après évaluation de la réponse précoce à un IRS ou un IRSNA, et d'observer de façon naturalistique l'impact de ces stratégies sur la qualité de la rémission à 3 mois. L'objectif secondaire est de déterminer, par une analyse multivariée, les autres facteurs susceptibles d'influer sur la rémission. Méthode – L'enquête observationnelle prospective a porté sur 2 138 patients suivis en psychiatrie libérale (582 investigateurs) et présentant un EDM dans le cadre d'un trouble dépressif récurrent. Les patients ont été examinés à l'inclusion, après 3 semaines (S3), 6 semaines (S6) et 12 semaines (S12). L'évaluation à S3 reposait sur l'évolution du score à l'échelle d'Hamilton-Dépression (Ham-D) entre l'inclusion et S3, et sur l'observation clinique (score de sévérité et d'amélioration à la CGI). La conduite thérapeutique adoptée en fonction de ces éléments était décrite. La rémission était définie par un score d'1 ou 2 à l'échelle CGI amélioration ; les patients répondeurs étaient définis par une diminution d'au moins 50 % du score Ham-D. Le protocole a reçu l'avis favorable du CCPPRB Paris-Broussais dans le cadre d'une recherche avec bénéfice individuel direct. Résultats – L'analyse a porté sur 1 974 patients (70 % de femmes), d'âge moyen de 42,7 ans ; l'âge moyen au premier épisode était de 32,2 ans, le délai moyen depuis le dernier épisode de 3,6 ans. Le score moyen à l'Ham-D à l'inclusion était de 23,6 + 5,8. À S3, 29,1 % des patients étaient répondeurs au traitement. La posologie du traitement a alors été augmentée chez 10,2 % des patients répondeurs, vs 36,3 % des patients non répondeurs ; lorsque le médecin jugeait le résultat non satisfaisant, il a augmenté le traitement dans 56 % des cas. À S12, 83,7 % des patients étaient légèrement malades ou plus du tout malade selon le score de la CGI-sévérité ; 45,7 % étaient en rémission totale selon le médecin, 43,3 % en rémission partielle. Comme retrouvé dans la littérature, l'existence d'une réponse favorable précoce au traitement prédisait une rémission totale à S12 (69,1 % des patients répondeurs à S3 sont en rémission totale à S12, vs 35,7 % des patients non répondeurs). Conclusion – Ces résultats soulignent les pratiques professionnelles en exercice libéral. À S3, la posologie est augmentée pour seulement 36,3 % des patients non répondeurs, alors que c'est une des attitudes thérapeutiques recommandées par l'ANAES. Par ailleurs, les praticiens privilégient largement l'impression subjective par rapport à l'évaluation psychométrique : à S3, 29,1 % des patients sont répondeurs selon l'évolution des scores à l'Ham-D, vs 57,3 % dont l'état est jugé satisfaisant par le médecin, et la décision d'augmentation du traitement est plus liée à la satisfaction qu'au score psychométrique. Cela est d'autant plus notable dans ce protocole que l'évaluation psychométrique était pourtant réalisée systématiquement ; or on sait que hors contexte de recherche clinique, les praticiens, en France, n'utilisent quasiment pas les échelles d'évaluation de la symptomatologie en psychiatrie. Cette étude confirme par ailleurs une donnée importante pour le clinicien : il existe une corrélation entre réponse précoce au traitement (3e semaine) et rémission totale à l'issue de la phase initiale de traitement (S12).[résumé d'auteur] |