Résumé :
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Le premier objectif de cette étude était de tester l'hypothèse de polarité, c'est-à-dire l'hypothèse selon laquelle l'évaluation des événements positifs vs négatifs implique des mécanismes émotionnels différents. Le second objectif était d'éclaircir un paradoxe apparent dans la littérature sur la schizophrénie : la tendance des patients schizophrènes à sous-évaluer le niveau de désagrément des stimuli négatifs suggère un trouble dans l'évaluation des événements négatifs, alors que le fait que l'anhédonie constitue un trait clinique essentiel de la schizophrénie suggère au contraire la présence d'un trouble touchant principalement l'évaluation des événements positifs. Les stimuli utilisés dans notre étude étaient des photographies émotionnellement positives ou négatives, à caractère social ou non. Sur chaque photographie, deux bordures, pouvant être soit identiques soit différentes, ont été ajoutées. Dans une première expérience, dite ' implicite ', il était demandé à des patients schizophrènes et à leurs témoins de décider si les bordures supérieure et inférieure des photographies étaient identiques ou différentes. Dans une seconde expérience, dite ' explicite ', il leur était demandé de juger si les photographies étaient agréables ou désagréables. Deux résultats obtenus sont en faveur de l'hypothèse de polarité : 1) dans la condition d'évaluation implicite, l'effet du facteur polarité différait entre les patients et leurs témoins ; 2) dans la condition d'évaluation explicite, les patterns de réponse des patients et de leurs témoins différaient selon la polarité des stimuli non sociaux. De plus, les résultats ont mis en évidence un déficit dans le jugement hédonique de photographies négatives sociales et de photographies positives non sociales chez les patients schizophrènes, suggérant ainsi que le paradoxe apparent décrit ci-dessus s'éclaircit dès lors que la composante sociale des stimuli est considérée. Les résultats obtenus suggèrent que la polarité et la composante sociale des événements évalués par les patients schizophrènes sont des paramètres à considérer dans les prochaines études concernant les troubles affectifs dans la schizophrénie.[résumé d'auteur]
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