Résumé :
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En France, la conception traditionnelle du soin, ancrée dans une médecine paternaliste et hermétique, fait aujourd'hui figure de vestige. Elle n'a pu résister aux courants de pensée post-modernes ayant érigé en dogme la diffusion de l'information (élevée au rang du savoir) au nom de la liberté individuelle ou du bien collectif. Le médecin devient le partenaire d'un consommateur de soin qui devra, en son âme et conscience, choisir ce qui lui semble le mieux pour sa santé. Mais pour choisir, il devra être avisé c'est-à-dire informé par le médecin de sa pathologie, ses caractéristiques, son évolution et des risques inhérents aux choix (ou non-choix) thérapeutiques. Cette évolution de la relation médecin-malade vers une contractualisation de fait entérine l'émancipation de l'individu face au savoir. Ce n'est plus celui qui sait qui choisit, mais bien celui qui subit, et la maladie et son remède. La limite de cette évolution est la capacité à diffuser la connaissance (sera-t-elle clairement comprise ?) et la capacité du patient à faire un choix. Ce problème se posera de façon accrue si le patient présente une pathologie altérant ses capacités à accéder à une information et à clairement et positivement l'utiliser. On l'aura compris, le champ de la maladie mentale, et en particulier de la schizophrénie, pose des questions particulières face à l'évolution des courants de pensée médicaux et juridiques en ce qui concerne la relation médecin-malade, et plus spécifiquement l'information, base de l'obtention du consentement aux soins. Existe-t-il une spécificité de l'information des patients schizophrènes ? Quel type d'information peut-on leur délivrer ? À qui peut-on la délivrer et par quels moyens ? L'annonce du diagnostic ne risque-t-elle pas de déclencher un refus de soin chez un sujet souvent ambivalent vis-à-vis de la prise en charge, ou bien peut-on, en accroissant le champ de connaissance que le patient pourrait avoir sur la maladie, espérer obtenir de sa part une participation dans le soin effective et bénéfique ? Nous allons dans cet article tenter de répondre à ces questions, en mettant en exergue l'évolution de la pensée vis-à-vis de cette problématique.[résumé d'auteur]
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