Résumé :
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Le présent article tente d'explorer la problématique de la reconstruction du lien social à partir de métaphores culturelles. Au Rwanda, les rites ont été de tout temps, quelles que soient les formes adoptées, un mode de traitement pour conjurer le mal et les fléaux de nature diverse. Avec la colonisation, les rites se sont déplacés, éparpillés : la société rwandaise s'est déritualisée. Or, à l'occasion du génocide et des massacres de 1994, les questions du sens de la vie (pourquoi ai-je survécu ?) s'imposent et interpellent toutes les forces vives du pays. Pendant le génocide, les survivants n'ont pas pleuré, « il n'y avait pas le temps » de pleurer. Les survivantes camouflent aujourd'hui leur propre mort psychique et celle des leurs. J'interprète cette souffrance comme une impossibilité de franchir une étape du rite de passage. Le concept de rite de passage « revisité », au travers de rituels de deuil accomplis par les patientes et les membres d'une communauté thérapeutique, permet une nouvelle négociation pour remobiliser un nouvel espace-temps spécifique qui permet aux survivantes d'envisager enfin un nouvel avenir. [résumé d'auteur]
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