Résumé :
|
S'appuyant sur l'expérience, dans une unité ouverte d'hospitalisation accueillant douze adolescents âgés de 12 à 16 ans présentant des troubles du comportement, de l'élaboration dans le cadre de réunions institutionnelles de protocoles de mise en chambre d'isolement, cet article a pour projet de réfléchir sur les relations entre violence adolescente et cadre institutionnel. La violence agie de l'adolescent psychotique hospitalisé représente un moyen de conférer à ses mouvements pulsionnels, une certaine figurabilité. Cette violence vient en effet signifier une défaillance du Moi, générée par l'inadéquation des soins maternels précoces, à contenir, lier et transformer les éléments pulsionnels. Cette violence rend également compte de mécanismes d'identification projective maintenant une indistinction Moi non-Moi, l'agir violent injectant une histoire muette dans la psyché de l'adulte soignant ayant dès lors la charge de la déchiffrer. Cette injection muette, débordant le pare-excitant de l'adulte destinataire tend à induire chez lui une forme de contre-attitude en miroir de celle de l'adolescent. Une institution accueillant des adolescents psychotiques présentant des troubles de comportements aura donc spontanément tendance à instaurer un type de relation marquée par le ré-agir où les différenciateurs institutionnels seront attaqués. L'institution dont la fonctionnalité trouve son fondement dans la différenciation (entre soignants et soignés, entre soignants, des différents lieux, des différents temps) est tentée de régresser à un stade pré-institutionnel. Le déchiffrement de ces mouvements d'identification spéculaire entre l'adolescent et l'institution et de leur résonance fantasmatique dans l'histoire du sujet permet la mise en place d'une fonction conteneur du cadre institutionnel et le déploiement de la thérapie institutionnelle. Signifier ces passages à l'acte violents, véritables protoreprésentations dépendra alors de la capacité du cadre institutionnel à créer et maintenir des espaces différenciateurs pour penser la relation entre l'adolescent et l'institution, en lien avec l'histoire (celle du sujet, celle de l'institution) et des espaces de symbolisation où l'adolescent pourra recouvrer, au moins en partie, ces fonctions du Moi dévolues à l'institution.[Résumé d'auteur]
|