Résumé :
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La notion de “ perversion sexuelle ” est d'origine récente : ce n'est que dans la deuxième moitié du XIXe siècle que l'expression, d'un usage courant et non spécifique, se voit élaborée comme objet psychopathologique, suscitant alors d'abondantes recherches. Son appropriation médicale en tant que singularité sexuelle, par le biais de l'expertise, s'accompagne en effet d'un formidable courant revendicatif homosexuel dans les pays germaniques, contraignant les spécialistes – psychiatres puis psychologues – à se prononcer sur la genèse de ces conduites si étrangères à l'instinct. Cependant, si les descriptions nosographiques sont particulièrement abondantes, l'étiologie, elle, se montre particulièrement indigente, enfermée qu'elle est dans les théories explicatives régnantes, comme l'hérédité ou la dégénérescence. Pourtant des chercheurs comme Binet, avec l'idée d'association ou de montage contingent précoce, ouvrent la voie à une historicisation possible dudit instinct, mais se heurtent à l'impossible reconnaissance de la sexualité infantile. C'est dire ainsi qu'il faudra attendre la coupure épistémologique que réalise la science freudienne pour que cette dernière soit reconnue (sans pour autant être admise) et que la notion de “ perversion sexuelle ” acquière la pertinence d'un concept à travailler. [résumé d'éditeur]
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