Résumé :
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La sainteté semble l'expérience corporelle où culmine le déni du corps. Le retour à cette figure, dans l'après coup de la condition contemporaine de la corporéité, permet de saisir le sens de ce recours mortifiant au corps. Un examen clinique de 'l'opération de sainteté', sur le fondement d'un texte de référence, la Légende dorée de Voragine, révèle le sens de l'épreuve infligée au corps, de la tentation au martyr, soit la mise au supplice du corps pour accomplir la cause de l'Autre divin. Ce qui vient alors au premier plan, dans le corps littéralement mis en pièces, c'est l'organe. 'Le saint, c'est l'organe', dans la mesure où c'est par cet 'objet partiel' que s'accomplit la sanctification. Le bourreau participe à cette opération de clivage entre le corps organique, soumis aux tourments et le corps physique, assurant le passage à une jouissance supérieure. Les formes extrêmes de supplices décrites permettent d'atteindre un 'au-delà du principe de plaisir', véritable forçage de la résistance masochique. La 'clinique du corps saint', avec les ressources de la métapsychologie, révèle l'exhaustion, à partir du refus du corps organique, d'un véritable corps de la jouissance, qui pourrait situer le déni du corps comme pratique de la jouissance. Ce paradoxe rend lisibles en miroir les figures du malaise de la culture contemporaine où le corps est impliqué, le sujet se faisant déchet soit le 'moment de sainteté' dans les pathologies de la modernité, tel ce 'martyr pour rien' qu'est 'le champion du jeûne'. [résumé d'éditeur]
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