Résumé :
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Cet article discute le contexte de l'acte d'autocastration pratiqué par un personnage de la pièce de Jean Genet intitulée Le Balcon. Il interroge la rencontre d'un regard captif d'une interminable ambiguïté visuelle avec le monde clos et pervers d'un bordel-théâtre, dans le cadre d'une révolution et ensuite d'une contre-révolution. Le regard devient un fétiche, la seule chose qui tient face à des visions dont le sens s'effondre sans cesse. Quelques données socio-politiques décrivant le milieu de la prostitution nous ont aidé à circonscrire par juxtaposition l'extrême violence relationnelle qui règne dans la pièce. Le geste du personnage qui se châtre en est inséparable. La décomposition du regard dans le monde sans loi de la prostitution qui finit par conquérir le pouvoir entraîne l'auto-émasculation d'un révolutionnaire au moment même où il joue dans le 'bordel' le rôle du préfet de la police, celui qui aspire à devenir un symbole phallique absolu en atteignant le comble de la jouissance lorsqu'il regarde quelqu'un l'imiter. Avec le regard défait, on est réduit à essayer de faire le compte de l'indécidable : on ne sait qui est châtré au juste, pourquoi, ni si ce sacrifice a servi à quelque chose et si oui, à quoi. [résumé d'éditeur]
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